Je DETESTE être enceinte.
Pendant 5 mois on est crevée ou nauséeuse, ou les deux. Une fatigue mortifiante. Et la peur au bide, tant qu'il n'est pas viable. 26, 27, 28, 29, 30, on raye les semaines comme un condamné qui se rapproche de la libération.
Pendant les 3 mois suivants, on est encombré. Mal au dos, contractions. Fatigue aussi.
5+3=8
8 mois
Oui mais une grossesse ce n'est pas 8 mois, c'est 9 !
A partir de 8 mois, je compte les jours un par un qui nous éloignent de la néonat et de la couveuse.
La balance aussi s'incrémente dangereusement à chaque fois. +30, +17, +20... je n'ai jamais pris moins de 15kg, qu'il faut reperdre après.
Je me sens toujours un peu mauvaise mère: j'ai du mal à garder celui qui arrive et je ne peux pas m'occuper des existants en fin de grossesse.
Eliott est néà la limite des emmerdements. Tôt mais pas trop, petit mais raisonnable.
Je vous épargne les grossesses qui ne sont pas allées jusqu'au bout, mais qui ont franchi le cap des 3 mois.Et ce sentiment d'échec et de "pour rien"; cet arret brutal de la projection dans la maternité, avec toute la cruauté qu'elle véhicule. A chaque fois c'est le chamboule-tout et il faut tout reconstruire.
Je déteste PROFONDEMENT être enceinte.
Et pourtant quand je regarde les photos des enfants bébés, je suis terriblement nostalgique.
J'aime les petits bébés. J'aime les allaiter, même si ça m'oblige à conserver un 40-42 tant que je n'ai pas fini d'allaiter. J'aime les caliner. J'aime les porter. J'aime apprécier chaque petit moment de leur petite vie. Les 1ers sons, les 1ers sourires, les 1ers rires. Ah là là, le rire des bébés remplit tous les coeurs, même les plus vides.
J'aime les voir grandir, acquérir de l'autonomie. J'aime les accompagner.
Je me sens investie d'une mission, je les vois comme de précieuses pépites qui méritent que l'on soit à leur hauteur, de petits trésors que l'on nous a confiés.
Tant pis pour les nuits vraiment pourries.
J'aime mes enfants plus que tout au monde. Mais si je m'écoutais, je me dépêcherai d'en avoir encore un ou 2.
A qui ressembleraient-ils ? Quels caractère auraient-il ? A quels ages feraient-ils leurs nuits ? Marcheraient ? Parleraient ? Se marieraient ? Seraient-ils bon en maths ou en français ? Seraient-ils encore gauchers ? Diraient-ils encore papa en premier ?
(BB3)
Moi j'ai encore des envies de bébés, des envies d'enfants. Mais Monsieur-40ans plus du tout.
Ces 2 dernières années ont été trop dures. Et si pendant que j'étais enceinte BB1 retombait malade ? Et si cette nouvelle grossesse se passait encore mal ? Et la galère des vacances... trop sérrés dans la voiture...trop serrés dans l'appart. Une nouvelle grossesse comme une épreuve. L'épée de Damoclès d'avoir des jumeaux. La peur de perdre un nouveau bébé. Sans compter le côté très matériel. Et puis comment continuer à concilier le travail et la vie de famille, la vie de couple et la vie de famille. On fini par avoir peur de ne plus arriver à s'en sortir.
C'est curieux quand même. J'ai beau avoir ces 4 beaux enfants à chérir, je ne me sens pas encore totalement accomplie en tant que maman, c'est comme s'il en manquait un bout.
Je crois qu'il va falloir que je m'habitue à ce manque, il en manquera toujours un. Ou deux.